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Quelles futures applications pour les thérapies géniques et cellulaires ?

Aujourd’hui, de nombreuses études cliniques sont en cours dans les thérapies géniques et cellulaires.

Passez votre curseur sur les éléments ci-dessous pour découvrir les pathologies concernées par les principaux essais cliniques en cours.

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Adapter l’environnement de santé à l’arrivée des nouvelles thérapies : quels sont les grands enjeux ?

L’arrivée des thérapies géniques et cellulaires, considérées comme des thérapies innovantes et inédites, soulève de multiples questions. En effet, à mesure que la science progresse, apparaissent de nouveaux enjeux : médicaux, industriels, organisationnels, éthiques et économiques.

Même si de nombreux changements ont d’ores et déjà été conduits, des adaptations et des collaborations restent nécessaires afin d’optimiser l’environnement des thérapies géniques et cellulaires.

Quels sont les défis actuels liés la production des thérapies géniques et cellulaires ?

La production à l’échelle industrielle reste un défi majeur pour le développement des thérapies géniques et cellulaires. En effet, un grand nombre de produits sont actuellement en cours de développement. L’industrialisation des procédés de production de ces thérapies est nouvelle pour les entreprises du médicament et peu d’entre elles sont actuellement en capacité de produire ce type de traitement à très grande échelle. Des innovations technologiques et industrielles sont nécessaires afin d’augmenter la capacité de production et de réduire les délais, tout en préservant la qualité, l’efficacité et la sécurité de production des médicaments. Les industriels du médicament y travaillent sans relâche.

Les procédés utilisés lors de la production des thérapies géniques et cellulaires nécessitent des compétences particulières, ce qui implique également la création de nouveaux métiers, et le développement des compétences avec de nouvelles approches de formation des personnels impliqués dans la production.

Un autre enjeu dans la production de ces thérapies est celui du délai de mise à disposition du médicament. Ces traitements peuvent faire appel à une production individualisée, c’est-à-dire un produit réalisé spécifiquement pour un patient, ce qui peut induire un délai de mise à disposition après prescription, qui peut être parfois de plusieurs semaines. Ce délai se doit d’être le plus court possible malgré la durée incompressible de certaines étapes comme l’acheminement du produit, les étapes de manipulation des cellules et les contrôles qualité.

Des sites de production supplémentaires pourraient s’implanter sur l’ensemble du territoire dans les années à venir, permettant ainsi de se rapprocher des lieux de prise en charge des patients et réduisant les délais dus au transport.

Quelles sont les optimisations possibles pour l’organisation de la prise en charge des patients amenés à recevoir des thérapies géniques et cellulaires ?

Les traitements par thérapies géniques et/ou cellulaires s’inscrivent dans un parcours de soins qui implique le support de différents professionnels de santé. Le bon déroulement de la prise en charge demande une coordination étroite entre tous les acteurs : l’équipe médicale et les fournisseurs du produit fini, jusque dans le champs de la recherche.

La manipulation des thérapies géniques et cellulaires au sein des centres hospitaliers implique des formations spécifiques pour les équipes hospitalières, et parfois, la création de nouveaux métiers. C’est le cas par exemple du traitement par cellules CAR-T, qui a nécessité la création du métier de « Coordinateur CAR-T ». Son rôle est d’élaborer le planning de prise en charge du patient, depuis les premières consultations qui permettent de déterminer s’il est éligible au traitement, jusqu’à l’hospitalisation pour l’administration du traitement et le suivi.

Le modèle des thérapies géniques et cellulaires est un modèle singulier qui réinvente la relation entre l’industrie pharmaceutique et l’hôpital : partenariats à tous les stades de la mise au point du médicament (recherche, développement, données en vie réelle, partage des données…).

Quel est l’état des lieux et quelles sont les questions éthiques soulevées par ces traitements innovants ?

Les thérapies géniques et cellulaires sont des médicaments préparés à partir d’éléments dérivés du corps humain et de virus, qui sont parfois modifiés et sont donc considérés comme des OGM (Organismes Génétiquement Modifiés). La réglementation française encadre l’utilisation et la fabrication d’OGM avec l’obtention au préalable d’une autorisation spécifique pour ces activités (établissements de santé, site de production, ...).

La thérapie génique n’est autorisée que sur les cellules ordinaires et non sur les cellules sexuelles (gamètes) pour éviter de transmettre le gène étranger à la descendance.

La bioéthique se définit comme l’étude des problèmes moraux soulevés par la recherche biologique, médicale ou génétique et certaines de ses applications. En effet, à mesure que la science progresse, apparaissent de nombreuses questions morales quant à la difficile conciliation entre respect de l’humain et progrès scientifique. A la croisée des chemins entre la recherche, la médecine et la société, la bioéthique aborde plusieurs sujets sensibles tels que la procréation médicalement assistée (PMA), les expérimentations sur l’Homme, la greffe d’organes et l’utilisation de parties du corps humain, le statut de l’embryon, l’euthanasie ou encore, plus récemment, l’intelligence artificielle. La bioéthique s’interroge sur les dérives éventuelles du progrès et les limites à poser.

En raison des progrès constants de la science et des évolutions de la société, le cadre législatif relatif à la bioéthique est régulièrement révisé.  Les autorités françaises travaillent régulièrement (tous les 7 ans) à la  révision de la loi de bioéthique pour mettre à jour la législation sur ce sujet.

Un point abordé dans la loi de bioéthique est en lien avec l’arrivée des thérapies géniques. Il concerne le dépistage d’anomalies génétiques et les tests génétiques.

Certaines maladies génétiques font aujourd’hui l’objet de thérapies géniques prometteuses qui peuvent représenter un véritable gain de chances pour les personnes concernées. 

L’utilisation de ces tests est strictement encadrée par la loi et ces tests ne peuvent être réalisés que sous certaines conditions strictes. La réalisation d’examens génétiques est ainsi prévue en première intention uniquement en cas de symptômes déjà présents de la maladie ou d’antécédents familiaux.

Comment assurer l’accès à l’ensemble de ces innovations à tous les patients ?

Le développement des thérapies géniques et cellulaires marque un tournant dans la logique des soins qui s’apparente à un changement de paradigme. En effet, ces thérapies se caractérisent par des traitements administrés généralement en une seule fois, pouvant guérir des patients atteints de pathologies sans alternative thérapeutique, pour lesquelles les traitements actuels peuvent être continus ou palliatifs.

Ces innovations sont sophistiquées et s’accompagnent d’un développement de recherche clinique plus complexe que les molécules traditionnelles, qui s’inscrit dans un parcours de recherche et de développement long, risqué et coûteux.

Les coûts de développement et de production des thérapies géniques et cellulaires sont plus importants que ceux des médicaments traditionnels, en raison également des méthodes de production individualisées qui font appel à des technologies de pointe.

Actuellement, le système de soins en France est particulièrement adapté à des traitements qui se répètent dans le temps, fournissant des soins continus ou palliatifs tout au long de la vie du patient. En conséquence, l’arrivée des thérapies géniques et cellulaires nécessite des adaptations de notre système de santé à ces spécificités.

Il convient donc que l’ensemble des parties impliquées dans la mise à disposition de ces nouveaux traitements contribuent et continuent à réfléchir collectivement à assurer leur accès à tous les patients, avec une adaptation de l’organisation des soins, de nouveaux modèles de financement de ces innovations, dans des conditions soutenables pour le système de santé et pour la poursuite des activités de recherche et développement.

Comment simplifier les démarches pour faciliter l’accès aux thérapies géniques et cellulaires ?

Le développement et les Autorisations de Mise sur le Marché (AMM) des thérapies géniques et cellulaires sont récentes. Il y a 10 ans, l’autorisation des médicaments issus de la thérapie génique relevait quasiment de la « science-fiction ». En 2012, l’Union Européenne (UE) a été la première à autoriser des médicaments de thérapie génique. Depuis, plusieurs produits ont été autorisés. L’UE a réalisé d’importants investissements et de nombreux essais cliniques ont été menés. Ce développement sans précédent est plein de promesses pour les patients.

Un autre défi consiste à accélérer les procédures pour faciliter l’accès des patients à ces innovations.

On estime qu’il existe plus 6 000 maladies rares, qui représentent une charge lourde pour les familles, mais aussi pour la société dans son ensemble. Beaucoup de ces maladies rares n’ont pas de traitement à l’heure actuelle. Près de 80 % des maladies rares sont d’origine génétique. La thérapie génique peut guérir le patient en une fois, mais le développement de ces produits doit être accéléré.

L’UE a été pionnière dans la réglementation de ce type de produits, avec le cadre spécial législatif créé en 2007 pour assurer à la fois la protection des patients et la flexibilité du développement scientifique.

L’Agence Européenne d’évaluation du Médicament (EMA) dispose d’un comité dédié aux médicaments de thérapie innovante, le Comité des médicaments de thérapie innovante (Committee for Advanced Therapies, CAT), au sein duquel toutes les agences nationales (dont l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament, ANSM) de l’UE sont représentées.

Ce comité est en charge de l’évaluation de la qualité, la sécurité et l’efficacité des médicaments de thérapie innovante tels que les médicaments de thérapie génique. Il est en charge de la rédaction des directives scientifiques émises par les autorités et est consulté sur les différents sujets portant sur les médicaments de thérapies innovantes.

La Commission européenne, en collaboration avec le CAT et les États membres, permet l’accès à ces thérapies innovantes lorsqu’une AMM leur est délivrée. Comme pour les autres médicaments, les autorités s’assurent que les laboratoires respectent les bonnes pratiques cliniques et les bonnes pratiques de fabrication lors du développement du produit.

En mars 2016, l’EMA a lancé un programme d’accès précoce à certains médicaments, via un processus d’évaluation accéléré.

PRIME (PRIority MEdicines) est le nom de ce dispositif mis en place par l’EMA, destiné à améliorer le développement des médicaments qui ciblent des besoins médicaux non satisfaits. Grâce à ce dispositif, l’EMA souhaite accélérer l’évaluation des demandes d’AMM et permettre un accès précoce des patients aux nouveaux traitements. Ce programme a permis de faire émerger en France un nouveau dispositif accéléré d’autorisation d’essais cliniques.

En effet, pour accélérer et améliorer l’accès des thérapies innovantes aux patients français, l’ANSM a mis en place une procédure accélérée dite « fast track » pour l’évaluation de certains essais cliniques répondant à des critères d’éligibilité. Cette procédure est depuis février 2019 élargie aux médicaments de thérapie innovante, réduisant le délai d’évaluation à 60 ou 110 jours maximum, en fonction du produit et des évaluations nécessaires.

Les OGM impliquent également des dispositions particulières. Aussi, en pratique, les essais cliniques de thérapie génique ou la possibilité pour les centres hospitaliers d’administrer des OGM nécessitent plusieurs autorisations (ANSM, Comité de Protection des Personnes, et de façon spécifique des autorisations de certains ministères, etc...). Un travail de simplification de ces démarches a été entrepris par plusieurs autorités de santé afin de faciliter l’accès à ces nouvelles thérapies.